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Presse écrite : 


Enfin un article critique sur le bavardage médiatique !




Le chroniqueur Stéphane Foucart a publié sur lemonde.fr, le 14 avril dernier, un article critique du bavardage politique et médiatique intitulé « Le bavardage politique des plateaux étouffe et dépolitise les préoccupations environnementales ». 

Son argumentaire concerne donc l'écologie : « Les commentateurs de plateau des chaînes d’info en continu sont devenus les principaux agents de la relativisation ou de l’euphémisation des faits scientifiques en lien avec l’environnement. Ils s’imposent comme une des causes majeures de l’étouffement, de la relégation et de la dépolitisation des préoccupations environnementales ». 


Le plus important sur ces sujets n'est pas le thème choisi pour le « débat » (?) de plateau mais le dispositif et la durée de diffusion -24 h sur 24 du côté des « chaînes d'information en continu ». Le chroniqueur du Monde aurait donc pu dire sensiblement la même chose dans les domaines de la politique, de la technologie, des problèmes de société, de la délinquance, des crimes et enlèvements d'enfants, de la question du genre, de l'économie, du sport enfin, où le niveau de non-dit n’a d'égal que l'intensité du bavardage. Et puis, évidemment, aussi de la guerre, omniprésente, inépuisable et tragique filon pour beaucoup de médias.


Bien sûr, selon le domaine concerné, on trouvera des nuances et même des différences de l'un à l'autre mais elles ne suffisent pas pour autant à faire un véritable débat. Nous analyserons pourquoi dans un prochain texte : le sujet est trop vaste…

En attendant, et parce que ce type d'article est infiniment trop rare (cf. cependant, sur mon site, « Journalisme de sport : peut-on critiquer ses confrères ? », 3 mai 2023), remercions Stéphane Foucart et Le Monde. Il faut maintenant insister, aller bien plus souvent au fond des choses et surtout des dispositifs, ne pas laisser le bavardage soit s’auto-annuler soit tourner à l’aigre, au clash voire à la haine. L'enjeu est de taille pour l'espace médiatique, et pour nous tous. 




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Les Bulgarie-France de 1959 à 1961 :  

Passion et écœurement à la radio

Le 8 juin aura lieu un France-Bulgarie amical de foot :  
une bonne occasion pour évoquer quelques souvenirs de rencontres précédentes, en d’autres temps…


Rien à part Allemagne-France de Séville en 1982 ne m’a procuré autant d’émotion que ces matches Bulgarie-France de 1959 à 1961 retransmis à la radio. En 1961, c’étaient les éliminatoires de la Coupe du monde pour le Chili. A 0-0, je me souviens de mon père, mon frère et moi serrés autour du poste, attendant désespérément le coup de sifflet final libérateur. Mais celui-ci ne vint pas, car à la quatre-vingt neuvième minute, Iliev avait marqué ! Guillas avait, me semble-t-il, raté un coup franc peu avant et nous sentions le vent de la fatalité se rapprocher.

Ce genre particulier de tension toutes oreilles dehors que provoque la radio n’a guère d’équivalent. Bien sûr le but de Kostadinov en 1993 n’était pas mal non plus -et si dramatique…- cette fois à la télé, mais la radio c’était vraiment très spécial et très émouvant. Les grandes voix du foot à la radio s’appelaient en ce temps-là Georges Briquet, Roland Mesmeur, Jacques de Ryswick. Et tous les grands matches, loin s’en faut, n’étaient pas retransmis à la télé, qui en était d’ailleurs à ses débuts.   

Le grand joueur bulgare d’alors était l’attaquant Kolev, avec Yakimov juste derrière. Les Bulgares, entre 1959 et 1963, eurent une spécialité : battre la France 1-0 et deux fois à la 89ème et 90èmeminute. Énervant… Ces cinq années-là, la Bulgarie a battu la France quatre fois 1-0, dont trois fois en compétition officielle, avec un match d’appui pour le Mondial 1962 raté à Milan et perdu… 0-1. Pourquoi la Bulgarie ? Mystère. En 1993 le sommet de l’écœurement fut atteint avec cette fois Kostadinov privant, à Paris, les Tricolores de la Coupe du monde aux États-Unis, à la… 90ème minute. Score : 1-2.

Deux fois les Français se sont vengés et nous ont fait croire qu’ils pouvaient échapper à la malédiction bulgare : en gagnant 3-0 en 1960 à Colombes (qualifs pour la Coupe du monde)… et en 1963, 3-1 (j’y étais) en Coupe d’Europe des Nations. Mais au bout de la ligne droite, c’était encore et toujours la Bulgarie qui passait, de justesse, juste ce qu’il fallait, mais encore et toujours elle.

Pourquoi la Bulgarie ?

Question : qu’est-ce que la Bulgarie, pays passant pour plutôt fruste et moyennement séduisant, avait compris des faiblesses de l’équipe de notre beau pays plein de charme et de prestigieuse histoire ? Peut-être l’absence de rudesse. La France, dans les années 60, n’était déjà plus ce grand pays de football que la campagne de Suède 1958 (3ème de la Coupe du monde) avait laissé entrevoir. Les lacunes s’ouvraient toute grandes, comme une blessure.

Les Bulgares avaient compris et ils ont su jouer et battre les Tricolores, grâce à quelques joueurs d’exception, une ténacité, une endurance, une force à toute épreuve. Et la foi en eux, chevillée au corps.

L’heure de gloire des Bulgares vint en 1994. Sur leur lancée de l’élimination de la France, les Bulgares sortent l’Allemagne (2-1) en 1/4 de finales : buts de Stoitchkov et Letschkov aux 75ème et 78ème minutes, renversant le cours du match, et encore dans le dernier quart d’heure… Ils finissent quatrièmes du tournoi, battus 2-1 par l’Italie (futur vainqueur de cette coupe du monde) en demi-finale puis par la Suède (0-4) dans le match pour la 3ème place.

Messieurs les Bulgares, on ne vous a pas vraiment aimés, vous n’avez pas, contre « nous », pratiqué le plus beau jeu du monde, mais vous nous avez appris, avec d’autres, qu’un match de foot dure quatre- vingt dix minutes au moins, et pas 88. Et que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Et du suspense. Merci à vous de m’avoir fait connaître de grands moments de radio, même d’un goût finalement amer.

Bulgarie-France "1962" (en fait 12/11/61) : l'extrait de 15 minutes 28 (car il y en a plusieurs)

France-Bulgarie 1993 (très court, juste une minute et quelques : le but de Kostadinov).

Bulgarie-Allemagne 1994

juin 03, 2021
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