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Presse écrite : 


Enfin un article critique sur le bavardage médiatique !




Le chroniqueur Stéphane Foucart a publié sur lemonde.fr, le 14 avril dernier, un article critique du bavardage politique et médiatique intitulé « Le bavardage politique des plateaux étouffe et dépolitise les préoccupations environnementales ». 

Son argumentaire concerne donc l'écologie : « Les commentateurs de plateau des chaînes d’info en continu sont devenus les principaux agents de la relativisation ou de l’euphémisation des faits scientifiques en lien avec l’environnement. Ils s’imposent comme une des causes majeures de l’étouffement, de la relégation et de la dépolitisation des préoccupations environnementales ». 


Le plus important sur ces sujets n'est pas le thème choisi pour le « débat » (?) de plateau mais le dispositif et la durée de diffusion -24 h sur 24 du côté des « chaînes d'information en continu ». Le chroniqueur du Monde aurait donc pu dire sensiblement la même chose dans les domaines de la politique, de la technologie, des problèmes de société, de la délinquance, des crimes et enlèvements d'enfants, de la question du genre, de l'économie, du sport enfin, où le niveau de non-dit n’a d'égal que l'intensité du bavardage. Et puis, évidemment, aussi de la guerre, omniprésente, inépuisable et tragique filon pour beaucoup de médias.


Bien sûr, selon le domaine concerné, on trouvera des nuances et même des différences de l'un à l'autre mais elles ne suffisent pas pour autant à faire un véritable débat. Nous analyserons pourquoi dans un prochain texte : le sujet est trop vaste…

En attendant, et parce que ce type d'article est infiniment trop rare (cf. cependant, sur mon site, « Journalisme de sport : peut-on critiquer ses confrères ? », 3 mai 2023), remercions Stéphane Foucart et Le Monde. Il faut maintenant insister, aller bien plus souvent au fond des choses et surtout des dispositifs, ne pas laisser le bavardage soit s’auto-annuler soit tourner à l’aigre, au clash voire à la haine. L'enjeu est de taille pour l'espace médiatique, et pour nous tous. 




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Netflix ou le sexe à la hussarde



Mon grand âge (entre autres) me contraint à absorber des quantités totalement déraisonnables de télévision. Bien entendu -et vu- cette addiction n'a pas que de mauvais côtés même si Netflix, disons-le, n'a pas du tout arrangé les choses. 

Je me suis ici fixé une règle que je respecte à quelques exceptions près : jamais de séries ! Ces programmes, souvent extrêmement brillants d'ailleurs, ce qui les rend plus dangereux encore, sont conçus pour provoquer l'addiction. Je n'ai pas, jusqu'à présent, évité le tabac, la drogue et l'alcool pour tomber dans la serio mania ! Il faut vraiment ma passion pour le Japon ou la demande express d'une copine pour que je déroge à cette règle, privilégiant alors, dans cette situation extrême, les mini-séries. 

Mais Netflix, ce ne sont pas que des séries, ce sont aussi des films, qui sont donc mon choix. Encore faut-il trouver un long-métrage regardable, et là, c'est pas gagné. Car beaucoup consommer veut dire également beaucoup chercher et beaucoup hésiter. Fatigant… 

Structure d'un film Netflix
Cependant, l'analyse des films diffusés par Netflix, et tout spécialement ceux produits par la chaîne soi-même, est très instructive. La structure-type d'un film de cette machine à addiction est bien établie et généralement sans surprises. Cela commence (trop) souvent par un atroce assassinat, un braquage dément, une sidérante catastrophe -avec une bande-son à l'avenant-, histoire de scotcher le téléspectateur à son écran. 

S'ensuivent divers temps plus ou moins faibles car personne, malgré son infinie résilience, ne saurait supporter de 90 à 140 minutes d'un tel régime. Le film retourne alors à un peu de raison, voire de modération, de calme, afin tout de même d'expliquer sommairement à l’addict qui est là en face de quoi il s'agit et de le laisser brièvement souffler. 
Surviennent ensuite diverses variations sur des thèmes comme la trahison, le meurtre (redoutablement populaire et écœurant sur Netflix), le dégoût après l’horreur -presque toujours quelqu'un vomit devant une cuvette de WC…-, le mensonge, la blague scato d’un ado, les tueurs en série, les patrons tyranniques, les escroqueries malines, la stérilité et la PMA, les familles recomposées en pleine crise, les handicapés qui surmontent brillamment l’adversité, les dystopies farfelues, les phénomènes paranormaux, la jetset new yorkaise et ses affaires de « cœur » : rien que des choses sympas en somme. Le tout baigne dans un langage où, côté anglo-saxon, les mots « fucking » et « fuck » règnent en maître. 

Mais un des éléments les plus intéressants sur Netflix, comme dans la vie d'ailleurs, c'est le sexe. Enfin plutôt la vision de la relation sexuelle qui est celle de la chaîne et qu'elle propage allègrement.
Voilà le pitch : une femme et un homme (le concept homme-homme reste confidentiel, sans être absent) font connaissance, dans un bar ou une boîte en général. Au gré de multiples cocktails et trémoussements chaloupés sur la piste de danse, leur désir mutuel croît à une vitesse supersonique -disons en 2 minute 30 de film- et voilà qu'ils se retrouvent direct dans l'appartement de l'un des deux. C'est alors qu'une fois dans les lieux, après avoir réglé à toute allure l'étape du « Je te sers quelque chose ? » (l'alcool est un prince sur Netflix et le placement de produits n'y est pas pour rien), les deux personnages se jettent sauvagement l'un sur l'autre et s’arrachent mutuellement les vêtements dans un assaut aussi désordonné que maladroit et malaisant. Une fois détruits les trois-quarts des habits, l'homme, en général, prend la femme par la taille, la soulève, la plaque contre un mur, ou l'installe confortablement sur la cuisinière (éteinte, de préférence !), ou mieux encore : sur le plan de travail adjacent. 

Sexe et acrobatie 
Le film ne nous dit pas à combien de séries quotidiennes d'abdos et de pompes l'acteur-victime doit se soumettre quotidiennement pour réaliser pareil exploit. Le résultat en tout cas est là : une pénétration dans les airs, théorique et quasi immédiate, devient possible sinon aisée, d'autant plus qu'il reste encore quelques bribes de tissu intactes sur les épidermes. 
L'acte sexuel se commet alors hors champ. Il vaut mieux d'ailleurs, étant donné la profonde complexité de la chose. Voilà. Et alors, tout le monde est content. L'affaire est expédiée en une minute. Il faut dire qu'à force d'accumuler de la libido depuis la scène du bar, l'extase arrive vite. Enfin l'extase… Mais au fait, qu'en dit la femme ? 
Netflix nous épargne heureusement ces scènes éprouvantes de préliminaires interminables (dans un lit !!), de jeux amoureux subtils qui nuiraient irrémédiablement au rythme -capital !- du film. Bon, en quelque sorte, Netflix c'est le sexe comme chez les Huns mais sur la 5e Avenue… 

Il reste alors au metteur en scène à nous faire comprendre -gros plan sur le visage- si l'héroïne a joui ou non, si elle est satisfaite de l'assaut et quelle note elle attribue à son partenaire obligé (de une à cinq étoiles…). La soudaineté de l'attaque et le confort très relatif du plan de travail -celui à côté de la cuisinière- ont-ils conduit directement la belle jeune femme au septième ciel ? La question est posée et on peut bien le dire : nous connaissons la réponse. Mais au cinéma, c'est sûr, il faut savoir faire semblant. 
De nos jours, aux infos, on traite beaucoup de pornographie et de viol. Mais qui parle de ces scènes honteusement brutales, obscènes -ou comiques, c’est selon- servies sur Netflix aux jeunes et moins jeunes générations comme l'expression d'une relation sexuelle torride et réussie ? 

Résumons : vive le désir, vive la fougue et la passion ! Mais non au sexe express sur les plans de travail. Les quickies surprise, par derrière, face à l'évier et la vaisselle, peuvent certes avoir leur charme. Mieux vaut toutefois ne pas en faire une habitude, encore moins un modèle.

mars 30, 2024
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